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 "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay)

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MessageSujet: "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay)   "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay) EmptyDim 29 Oct - 1:47

À la demande de l'auteur du texte, voici le récit d'un joueur du DGN La Meute de juin 2006.

Bonne lecture!
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MessageSujet: 1ère partie   "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay) EmptyDim 29 Oct - 1:49

Mon nom est Biathar et je suis maudit. Corrompus par les reliques anciennes d’un seigneur Bélosithe, mon frère de sang et moi avons voyagé longtemps avant d’aboutir au Muranor, lande bénit où le sang ruisselle et rougi la terre pour qui sait le faire couler. C’est là que j’y ai rencontré un groupe d’aventuriers sinistres qui se disaient damnés et qui portait sur eux la marque noire du mal, marque que je connaissais bien. Ils étaient forts, rusés et expérimentés, nous avons rejoint leurs rangs, mêlant nos destinées. Cette union fut profitable pour tous.

Aujourd’hui, une année s’est écoulée depuis mon arrivé. Des maléfices anciens sont à l’œuvre ici, ils grattent les pierres sous lesquelles ils ont été bannis, nous le sentons tous. Je ne saurai dire pourquoi le Muranor est si précieux aux yeux de l’Empire et de la noblesse locale qui s’opposent dans une partie de bras de fer qui durent depuis plusieurs années. Récemment, un noble mineur dont le nom m’échappe a fait son arrivé ici avec quelques soldats et serviteurs afin de consolider son emprise. Mais le chaos règne et jusqu’à mon dernier souffle, je veillerai à ce que cela continue.

Le soir de l’arrivée du duc, mon frère d’arme Hitel, un ancien noble rebellé (et croyez-moi, nul n’est plus fourbe qu’un noble doublé d’un voleur) infiltra les campements des autres aventuriers et la tente du duc pour y recueillir une foule d’informations intéressantes. L’homme était bel et bien un manipulateur et il venait chercher du soutien –et de l’or- auprès des aventuriers campés en permanence au Muranor. Son champion, Normar, l’accompagnait pour le protéger et contrer les assassins à la solde de l’empire. Plusieurs de mes frères d’armes, Les Damnés, partirent ce soir là en quête d’informations mais je restai bien tranquille au camp. L’arme première d’un anti-paladin est la peur et il n’était donc pas approprié d’aller sympathiser avec les autres mercenaires et aventuriers présents ici. Certains auraient senti mon aura et je devais garder un certain anonymat avant que les conflits n’éclatent entre le duc, l’empire et les aventuriers. Demain, ceux qui ne me connaissaient pas déjà auraient amplement l’occasion de le faire, si tel est leur désir.

Nous entendîmes des rumeurs selon laquelle au matin, avant le levé du soleil, les morts se lèveraient pour arpenter et saccager la lande. Je m’endormis près du feu, sous les étoiles et mon sommeil fut sans rêve, ce qui est une bonne chose.

Quand les non-morts arrivèrent, nous étions préparés : leur chair séchée fut tranchée, leurs os broyés et leur crâne défoncé par mes frères d’armes. Leurs restes furent jetés dans le feu et je les regardai brûler en finissant de déjeuner. Quelques aventuriers ou mercenaires vinrent à notre camp pour parlementer mais je ne les écoutai pas, par manque d’intérêt. Je saisis deux mots de leur conversation en fait, le premier étant « Morloc » et l’autre « cannibale »… les Morlocs avaient faim et quittaient leur forêt pour chasser.

Sur le chemin qui mène à l’ancien camp de l’Alliance, un groupe de démonistes que les Damnés avaient combattu l’an dernier, plusieurs non-morts avaient engagé le combat contre les aventuriers de La Plume Noire et des deux hommes de Sarakas. Les cadavres animés tentèrent de m’arracher mon bouclier mais ne parvinrent tout au plus qu’à l’écarter et les Damnés les renvoyèrent d’où ils venaient. Les aventuriers présent sur les lieux de l’affrontement échangèrent quelques mots que je n’écoutai pas. J’étais décidément distrait ce matin.

Une courte marche nous amena au village, un campement rudimentaire infesté de cul terreux de paysans qui installaient leurs étals de marchandise. La tente du duc dominait les lieux, sa porte gardée par quelques gaillards à l’air résolu. Mon frère d’arme Lao était déjà en pleine discussion avec ce noble de basse coure à mon arrivé mais me voyant approcher, les gardes dressèrent leurs armes avec nervosité, me disant que j’étais trop près. Un autre Damné, un batailleur nommé Argento, profita de l’occasion pour narguer le champion du duc, un type calme nommé Normar, qui resta stoïque devant la provocation. C’était une situation typique : la tension montait partout où les Damnés se présentaient et c’est la principale raison qui m’avait initialement inciter à me joindre à eux.

Sur le chemin du retour, quelques toques impériales blanches nous apparurent, au détour d’un sentier, et passèrent leur chemin. Cela me fit sourire : malgré la quantité d’impériaux que j’avais gratuitement massacré au fil des années, chaque nouvelle génération de soldats ne savait toujours pas qui j’étais. La main gauche de l’empire ne sait pas ce que sa main droite fricote. Leur heure viendrait bientôt mais pour l’instant, nous les laissâmes en paix.

De retour à notre campement, quelques Morlocs rachitiques ne tardèrent pas à nous attaquer. Les premiers roulèrent à nos pieds en quelques instants comme des veaux à la boucherie mais je vis par la visière de mon casque, Argento aux prises avec trois d’entre eux qui tentaient littéralement de le dévorer vivant. Un battement de cils plus tard, nous essuyâmes nos lames sur leurs dépouilles. Leur puanteur n’affecta pas mon appétit et j’engouffrai une large quantité de nourriture avant de reprendre le chemin de l’auberge, le ventre plein.

Des rumeurs circulaient concernant le duc et les impériaux installés tout près d’ici, dans une place forte au campement des Flibustiers, un groupe d’aventuriers associé à l’empire. Mais mon travail ici ne consistait pas à comprendre ce qui arrivait ni à m’ingérer dans la politique locale, pratique pour laquelle je n’ai que du dégoût. La parole sert principalement aux faibles alors que les forts usent d’autres moyens pour arriver à leurs fins. D’après Hitel, ce que le duc attendait de nous, c’était de ne pas nous mêler des évènements politiques et de rester neutre. Imbécile, la neutralité, ça n’existe pas. L’univers en entier se divise en deux camps : les hommes et les femmes, les faibles et les forts, les intégrés et les exclus, les vainqueurs et les vaincus… toutes ces foutaises politiques finiraient inévitablement en bain de sang. J’allais montrer à ces nobles de quel neutralité je me chauffe.

Pendant ce temps, au village, une foire publique avait lieu, avec quelques paysans puants beuglant des syllabes inaudibles, sans doute pour vendre leurs produits. Le duc aussi se prélassait dans sa tente et si ce n’avait été de son champion, j’aurais tenté de le faire disparaître pour de bon. Seul point d’intérêt : une sorcière tirait les cartes et lisait le futur. Pour cinq talos, que risquais-je? Son présage me concernant était clair : elle vit une bataille importante, sous la lune, un combat qui me demanderait un grand déploiement de force physique et duquel je sortirai vainqueur. Deux camps, lui dis-je : vainqueurs et vaincus…. Il y’aurait sans doute beaucoup de morts et cette idée me réconforta. Quittant la tente de cette sorcière, je remarquai plusieurs paysannes arrivant par le chemin de l’auberge. L’une d’elle me sourit… petite et naïve créature, ton heure viendrait à toi aussi.

Je perdis de vue mes frères d’armes et me retrouvai avec mon frère de sang, Kratos, presque aveuglant dans son armure sous le soleil de midi. La situation stagnait entre les impériaux, le duc et les aventuriers du Muranor et d’un commun accord, nous décidâmes d’accélérer la confrontation que nous savions inévitables. Notre dieu et maître Bélos était assoiffé et il fallait que le sang coule, sans quoi sa voix nous rendrait tous deux encore plus fou que nous n’étions déjà. La raison de Kratos succombait plus rapidement que la mienne dans la rage et la colère, je devais donc réfléchir pour deux.

La providence se manifesta sur le chemin du Champ de bataille quand nous nous retrouvâmes face à face avec un décurion et un contingent de soldats impériaux. Un plan s’échafaudait petit à petit dans mon esprit brouillé : je convainquis le centurion de nous enrôler comme homme de main afin de commencer les besognes usuelles de l’empire : collecter les taxes, exécuter les traîtres, menacer tout le monde… bref, la routine impériale qui ressemble d’ailleurs étrangement à mon quotidien. Les habitants du Muranor connaissaient la haine que j’entretenais envers l’empire et je savais qu’en nous voyant, mon frère et moi, à leurs côtés et faisant leurs sales besognes, cela engendrerait des réactions de confusion susceptibles de mener à un bain de sang.

En compagnie du décurion et de ses hommes, notre première incursion se passa au village où un échange verbal vigoureux eu lieu entre le centurion et le duc lui-même. Les aventuriers présents semblaient ne rien comprendre et restèrent muets autour des antagonistes. La tension était palpable et mon calcul s’avéra juste puisque le décurion se mit en marche d’un pas décidé vers le campement des Plumes Noires. Plus tôt dans la journée, le duc avait nommé plusieurs chevaliers au nom du roi Robert et du point de vue impérial, ce geste était considéré comme une trahison et méritait punition. Les Plumes furent surpris de voir arriver les impériaux flanqués de Kratos et de moi-même en lourde armure, tout en sourire. Deux de leurs guerriers furent promptement arrêtés, battu jusqu’à l’inconscience, mutilés affreusement et traînés jusqu’au fort des flibustiers. La gorge des prisonniers fut tranchée sans cérémonie alors qu’arrivait en grande fanfare le duc, son champion et tous ses mercenaires aventuriers supporteurs. Ce n’était pas trop tôt, l’appel du sang battait à mes tempes comme un tambour de guerre et je constatai que la raison de Kratos succombait temporairement à l’Appel : juché sur la barricade, il hallucinait et donnait des ordres à des soldats imaginaires, l’épée levée et hurlant des directives dénudées de sens. Alors que les aventuriers et le champion du duc prenaient les murs d’assaut, j’éclatai de rire au milieu des hostilités, incapable de faire quoique ce soit d’autre. Mon plan avait fonctionné plus rapidement et plus efficacement que je ne l’avais espéré. Le coup de lance d’un impérial me sorti de mon hilarité et la porte du fortin céda soudainement, me tombant sur la tête et les épaules. Une rage intense m’envahie et je poursuivis le misérable à l’intérieur des murailles. Son meurtre m’apporta une grande satisfaction personnelle et le sang baigna la terre, faisant taire du coup la colère de Bélos. La guerre venait de commencer!

Mes frères d’armes me rejoignirent et ne me posèrent pas de question quant à ce qui venait d’arriver. Ils comprenaient mes intentions et je crois qu’au fond d’eux, même si certains ne l’avoueront pas, ils étaient impatients que le conflit n’éclate. Il faisait chaud sur le champ de bataille et nous retournâmes nous abreuver au camp. Je profitai du répit pour enlever mon armure et laver mes pieds bouillants. La réplique de l’empire me prit totalement par surprise et alors que leurs soldats nous tombaient dessus par une étroite brèche j’eus à peine le temps d’enfiler une botte, de prendre mon bouclier et ma lance avant de bloquer une véritable pluie de coups. La situation semblait précaire, je le vis dans les yeux de mes frères d’armes qui se débattaient comme des diables. Pris en en tenaille entre trois lances, je fauchai le fer de leurs armes du revers de mon bouclier en les frappant aux jambes avec célérité. J’étais pris comme un rat dans un coin du campement, isolé du groupe, mais s’ils devaient l’emporter, il leur en coûterait cher. Les hommes de l’Aube Rouge arrivèrent à la rescousse et firent basculer l’avantage. Les toques blanches se retrouvèrent à leur tour pris en tenaille, reculèrent dans la brèche et furent massacrés jusqu’au dernier. Cette union improbable entre les barbares de l’Aube Rouge et les Damnés avait triomphé, je dois le reconnaître et leur arrivée nous avait évité le pire. Ils eurent droit à mon respect, chose rare, alors que mes compagnons pansaient leurs blessures. Miraculeusement, je n’avais souffert d’aucune blessure grave lors de cet assaut sauvage. Quelques minutes à peine après que je resserre les dernières sangles de mon plastron noir, le campement de l’Aube Rouge subissait à son tour une charge de toque blanche. Les ferrailleurs plus mobiles des Damnés, Kazaba, Argento, Hitel et Lao, bondirent de leur sièges et furent sur les lieux en un instant, suivis de près par nos guérisseuse, Oémia et Élizia, toujours aussi promptes et adeptes à nous garder debout, nous les brutes. Kratos et moi furent les derniers à arriver, coupant toute retraite, mais le combat était terminé. Les Damnés avaient payé leur dette envers l’Aube Rouge, leur prêtant main forte à leur tour. Nous étions donc quitte. Mais les toques blanches ne se laisseraient pas bafouer ainsi, nous le savions tous sans nous douter de l’ampleur de leur colère.


Dernière édition par le Dim 29 Oct - 1:52, édité 1 fois
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MessageSujet: 2e partie   "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay) EmptyDim 29 Oct - 1:52

Au croisement des quatre chemins, près de l’auberge, nous firent face à un contingent d’une douzaine de soldats de l’empire, armés et près à livrer bataille. Ils avaient pris position et se préparaient à recevoir notre charge mais avant de les démembrer, je voulais m’amuser un peu à leurs dépends. Je m’approchai d’eux, garde baissée pour commencer à négocier une trêve fictive avec leur officier. À ma surprise, ils m’écoutèrent parler, méfiant certes, mais je remarquai que leur poigne se desserrait, un bon indice que mon stratagème portait fruit. L’officier en charge me demanda alors au nom de qui je négociais… au nom de ça : mon fer de lance. Le temps qu’ils comprennent ce qui leur arrivait, les Damnés avaient déjà plusieurs coups de portés et le combat, quoique théoriquement difficile à cause de l’avantage numérique des impériaux, augurait mal pour eux. Il me fallut jouer du bouclier au début de l’affrontement mais pendant ce temps, mes frères d’armes infligeaient des dommages irréparables à leur première ligne défensive. Nos ennemis reculèrent et se regroupèrent en un ultime effort mais peu de temps après, leurs corps désarticulés roulaient dans la poussière. Le combat avait en effet levé un véritable nuage de particules de sable. Les Plumes Noires avaient assisté et apporté leur aide aux Damnés mais ils semblaient surpris et secoués après coup. C’était serré, me dit l’un d'eux… c’était la routine, pensais-je, souriant. Les toques savaient se battre, ils y étaient entraînés depuis l’enfance et c’est pourquoi j’aimais mesurer mes forces à celles de leurs soldats.

Pendant tout ce temps, le duc et ses serviteurs s’étaient affairé à préparer un festin au village : deux agneaux rôtissaient tranquillement sur la broche depuis quelques heures et sa misérable majesté invita cordialement les aventuriers installés sur ce qu’il appelait « ses terres » à festoyer avec lui. Si je n’avais jamais reçu un talos pour le sang et la sueur que j’avais sacrifiée afin de préserver la lande d’un mal plus grand que moi, au moins, je profiterais de cette soudaine générosité pour m’empiffrer. Il faut admettre qu’une fois le ventre plein de vin et de viande, mes pulsions régicides s’estompèrent un brin.

Les attaques sur nos campements et le repas au village avaient laissé le temps au centurion impérial d’organiser une offensive massive comprenant ses soldats, ses officiers ainsi que les membres des mercenaires Flibustiers, vendus à l’empire. Sur le chemin du champ de bataille, un rang de bouclier nous attendait et je me retrouvai aussitôt sur la ligne de front face à plusieurs soldats et sous le feu d’un prêtre qui me bombarda avec toute la magie à sa disposition. Chancelant, je dus reculer afin de recevoir plusieurs sortilèges de guérison des mains d’Oémia qui veillait sur moi. L’escarmouche prenait peu à peu des allures de bataille rangée alors que les toques reculaient vers leur fortin. Sur le flan droit, j’appercu Hitel, Kazaba et Argento qui harcelaient les soldats, déstabilisant leur ligne. Mais nos ennemis restaient groupés et se battaient avec une énergie qui me surpris. Je ne réussi qu’à les blesser mais impossible de les abattre, chose inhabituelle. Trois d’entre eux s’étaient donné comme mandat de me tuer et faisaient tout en leur possible pour y parvenir, handicapant grandement mes efforts. Oémia et Élizia se tinrent près de moi et me gardèrent en vie malgré les nombreux coups de lance qui percèrent ma chair et nos efforts furent couronnés de succès lorsque les toques battirent en retraite derrière les murs de leur forteresse. Les plus téméraires d’entre-nous les harcelèrent jusqu’aux murailles mais une fois sur place, force fut d’admettre qu’il faudrait un effort concerté pour les déloger de leur place forte. Les impériaux crièrent victoire mais je leur promis de vive voix une mort brutale à mon retour. J’aurais cependant besoin d’aide pour mettre cette vermine à mort.

Seuls quelques braves semblaient prêts pour l’assaut alors que les autres se tenaient à l’écart, hésitant, leurs yeux trahissant la peur. Ils voulaient retourner à leurs camps individuels pour y boire de la bière et se vanter de leurs hauts fait, content de cette fausse victoire qui n’avait fait qu’égratigner les impériaux. Ils ne comprenaient pas que les toques reviendraient en force et nous massacreraient jusqu’au dernier si nous ne finissions pas le travail sur-le-champ. Il me fallut leur hurler des insultes et des encouragements pour qu’ils se décident enfin à assiéger le fortin. Dire qu’on ne me payait même pas pour ça! Où étaient donc les paladins, les chefs, les chevaliers et les prêtres du soi-disant dieu de la guerre en cette heure fatidique? Nulle-part. Ces faux-braves s’étaient ralliés sous la gouverne d’un anti-paladin assoiffé de sang et sans honneur. Mon mépris pour eux grimpa encore d’un cran mais je retins mes paroles.

Les ferrailleurs présents sur le champ de bataille finirent par avancer timidement vers le fortin et j’eus l’impression d’être le seul parmi eux à vouloir me battre avec cœur. Voilà la plus grande faiblesse de ceux qui se disent « bons » : ils n’ont pas cette rage qui nous anime, nous, adeptes du mal. La haine que nous cultivons est justement ce qu’ils qualifient de maléfique.

La longue bataille commença aux portes du fort qui résistèrent à nos tentatives initiales de nous infiltrer à l’intérieur des murs. La victoire n’allait pas être aussi facile que je ne l’avais cru. Plusieurs guerriers impériaux, posté sur les remparts, nous frappaient à grands coups de lance et nous lançaient de lourdes pierres. Même si mon bras était assez long pour les atteindre, je ne pouvais tout au plus que les égratigner. Les prêtres impériaux se démenaient à l’intérieur pour soigner les blesser et la situation stagna ainsi un bon moment sans qu’aucun des deux côtés ne gagne l’avantage.

Un officier et un soldat s’avancèrent sur les remparts et se moquèrent de nous, se disant capables de vaincre n’importe lequel en duel. Kratos releva le défi et le somma de descendre se battre loyalement. Pour mon plus grand plaisir, le soldat sauta des murailles pour affronter Kratos… une erreur mortelle. Avant même qu’il ne touche terre, j’étais sur lui, le perçant alors que Kratos le découpait. Même Lao, juste et loyal Lao, le frappa à grands coups d’épée, ignorant du fait que cet affrontement se devait d’être un « duel ». Quelle ironie! La dépouille du soldat sous les yeux, l’officier impérial s’offusqua de notre traîtrise en criant, un peu comme un enfant à qui on aurait brisé son jouet préféré, que cela devait être un duel loyal. En réponse à ses objections, je bondis en hauteur en lui assénant un profond coup à l’épaule par-dessus la rambarde, le prenant totalement par surprise. Il recula, l’air incrédule. Il ne se moquait plus.

Puisque la porte ne voulait pas céder, nous changeâmes de position, menant l’attaque sur les flans, ouvrant une brèche dans la palissade à coups de pieds et d’épaule, mais rien n’y faisait : un groupe de quatre soldats impériaux se repositionnaient exactement là où je me trouvais. Ils avaient reçu le mandat de m’abattre et feraient tout en leur possible pour y parvenir. Un coup à la gorge me fit perdre la voix et je me dis qu’au moins, pendant que les impériaux perdaient leur temps à frapper sur mon bouclier et sur mon casque, les autres aventuriers affaiblissaient leurs défenses. La peur était mon arme la plus dangereuse et elle avait fait son œuvre. Je devais en assumer les conséquences.

Pendant que mon sang et ma sueur coulaient abondamment, un personnage mystérieux que je connais sous le pseudonyme de « rôdeur » s’infiltra à l’intérieur des murailles – et c’était un véritable exploit- pour enlever les pièces de bois qui cointaient la porte. Accompagné par quelques aventuriers gaillards et enragés, Lao se jeta sur le portail, l’ouvrit et le tint à bout de bras, s’exposant totalement mais permettant aux assaillants d’entrer dans le fortin. Le combat se termina abruptement par un massacre en règle des impériaux et des flibustiers. Il me fallut quelques instants pour réaliser que le fort était tombé et l’empire défait. Il nous avait fallu près d’une heure d’efforts constants et acharnés pour en venir à bout. Par ce haut fait, un message clair venait d’être envoyé à l’empire : ces terres ne vous appartiennent plus. J’étais satisfait de ce revirement et les victorieux crièrent quelque « vivas! » pathétiques qui m’irritèrent. J’étais blessé grièvement, assoiffé et mon corps en entier réclamait un moment de répit que je lui accordai. Mon épaulette droite pendait lamentablement et ma cape noire traînait sur une branche basse près du sentier. Ruisselant de sang et de sueur, je l’enroulai sur mes épaules avant de retourner au camp.

La lune était haute et la nuit déjà avancée quand je me relevai de mon banc pour reprendre la route. Les morts n’attendraient guère plus longtemps avant de reprendre vie et au loin, dans la forêt, nous entendîmes des cries rauques et le bruit des épées qui s’entrechoquent. Un homme en robe de bure s’avança dans notre campement et les Damnés l’accueillirent avec leur courtoisie naturelle, armes en mains, l’œil meurtrier. Cet homme se vanta d’être alchimiste et demanda notre aide pour un rituel dont les détails m’ennuyèrent. Je laissai aux autres Damnés le soin de comprendre ce qui se passait alors que j’ajustais les sangles de mon armure. Nul besoin d’être devin pour lire l’avenir proche : la liche Émaüs tentait de se réincarner et ses sbires d’outre-tombe la devançaient de quelques heures. Il faudrait les bannir ou mieux, les détruire définitivement, exploit impossible. Peu importe, j’étais prêt, et les Damnés veilleraient sur moi tout au long du chemin, aussi rocailleux soit-il.

L’alchimiste avait rassemblé une force impressionnante, alliant presque tous les aventuriers campés sur des lieux à la ronde. Mon arrivée dans les rangs de cette improbable alliance créa un malaise momentané. Il fallait maintenant aller à l’ancien cimetière pour y prélever une poignée de terre et accomplir un rituel shamanique de divination.

Le sentier était sombre, sinueux et étroit. Nous étions trop nombreux pour nous battre efficacement dans un espace si restreint. Dans ma large armure, derrière mon grand bouclier, j’étais hors de mon élément dans ce sous-bois accidenté. Le site funéraire ne me révéla rien mais les prêtres parmi nous sentirent quelque-chose qui échappait à mes sens de soldat. J’y voyais des points d’embuscades, des ombres mouvantes, des couvertures possibles, une retraite en cas de malheur sur la gauche mais eux, voyaient des forces mystiques, des esprits et autres balivernes religieuses sans importance ni intérêt à mes yeux. Ils firent un cercle autour d’une fosse vide et s’agenouillèrent afin de lire l’avenir. Évidemment, l’avant-garde d’Émaüs ne fut pas longue à se manifester.
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MessageSujet: 3e partie   "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay) EmptyDim 29 Oct - 1:55

Des ombres nous encerclèrent et nous défendirent le cercle en rangs serrés. Mon style de combat n’était pas adapté à un affrontement aussi intime. Nos forces se dispersèrent après la première vague et il fallut regrouper les défenseurs afin de ne pas être submerger. Je me plaçai auprès de Kazaba, Argento et Hitel, des vétérans mobiles, rapides, et vigilants qui couvriraient mes flans et mon dos mieux que ces autres aventuriers qui couraient en tout sens comme des volailles affolées. Les ombres tombèrent une à une, les corps desséchés furent brisés. L’alchimiste réclamait notre soutient à la crypte et nous parla d’un sombre présage, celui du retour d’Émaüs et de son règne de ténèbres.

Les non-morts… comme je les haïssais! Si mon arme première est la peur, contre eux, elle s’avérait sans effet. Ils ne me craignaient pas. Leurs mains glacées se moquaient de mon bouclier et de ma cuirasse, passant au travers sans effort. Pire que tous, les morts ne saignaient pas et leur destruction n’apaisait en rien la colère du dieu Bélos.

Aux abords de cette maudite crypte, je la forêt s’enveloppait d’un calme rare et inquiétant. Malgré mon peu d’enthousiasme à combattre les non-morts, je fus le premier au sommet du tertre qui surplombe la porte du souterrain. Ce silence me glaça plus que n’importe quel raclement d’os ou crie rauque dans la nuit. Les ombres me guettaient. Les damnés arrivèrent peu après, suivi du reste des forces motivées à pourfendre des fantômes. Il fallait une poignée de terre infâme des catacombes sous nos pieds et c’est à ce moment que les propriétaires des lieux nous apparurent. Un mur de chair morte s’avançait à pas lourds vers le tertre, mené par une ombre désincarnée. Je reconnus cette créature pour en avoir déjà combattu une semblable… ou étais-ce la même? Contre ces ombres issues des profondeurs de la terre, il faut savoir se montrer patient et je laissai donc les autres aventuriers moins expérimentés recevoir de plein fouet l’onde négative destructrice qu’elle déploierait en début de combat. Ainsi, les premiers guerriers à se jeter dans ses griffes tombèrent raides à ses pieds. La chair à pâté ayant fait son devoir, Lao enchanta promptement ma lance et je me lançai dans le tas en sa compagnie, son épée enflammée semant de grandes gerbes d’étincelles dans notre sillage. Les premiers non-morts sur notre chemin furent rapidement terrassés, il était temps de vaincre leur lieutenant, l’Ombre. Elle ne fit qu’une bouchée de moi, ses mains traversant sans peine mon bouclier et saisissant directement mon cœur pour le tordre, me sembla t’il. Jamais je n’avais connu si rapidement la défaite, me dis-je en m’effondrant dans le sable. Lao réanima mes muscles pétrifiés et ses sortilèges m’insufflèrent assez de chaleur pour me relever mais à peine debout, l’Ombre, **************, coupa net mes prétentions : cinq filaments d’obscurité jaillirent de ses doigts et me frappèrent de plein fouet. La douleur me fit perdre conscience et mon corps fut piétiné maintes fois par l’ennemi et par mes alliés. Une éternité plus tard, Oémia et Élizia insufflaient un peu de vie dans ma carcasse ankylosée mais je ne parvins pas à me relever seul et Hitel me hissa debout. Ma bouche et mes yeux étaient emplis de sable.

Le combat faisait toujours rage et j’étais en plein sur la ligne de front, à peine conscient, mes articulations encore glacées par le touché de l’Ombre. Mes souvenirs deviennent très vagues et je ne saurais dire qui tua les derniers non-morts et leur lieutenant désincarné : peut-être ais-je contribué à sa destruction, difficile à dire. Mes bras étaient lourds, mes jambes comme de la ficelle et ma vigilance endormie. Il me faut du feu, dis-je. Je gèle et j’ai grande soif. Personne ne réalisa la gravité de mon état et je boitai jusqu’au campement où un feu de dix coudés de haut ne parvint pas à me réchauffer. Aucun sortilège ne parvint non plus à me rétablir et l’expression d’Élizia, d’Oémia et de Lao en dirent long sur leur verdict : je ne survivrais pas à cet affrontement, le touché glacial de l‘Ombre aurait raison de moi. Quelle fin idiote, dis-je, avant de m’étendre lentement près du feu, comme un vieillard condamné. Ma rage s’était envolée, et je n’inspirais certes plus aucune peur. J’étais complètement désarmé, moi, l’anti-paladin du Muranor! Et les étoiles étaient si belles…

***

Mon âme était destinée à l'enfer. Non pas cet enfer purgatoire, passage temporaire qui expie les fautes mais l’enfer profond, celui duquel rien ne ressort. Les portes étaient grandes ouvertes et mon séjour devant elles me parut durer des semaines. Un courant froid m’aspira soudain et un torrent de douleur immergea mes sens…
***
Lao était à mes côtés, les restes d’un parchemin ensorcelé finissaient de se dissoudre entre ses doigts. La lune, elle, avait disparue et le ciel était noir. Le feu auprès de moi n’était plus que braises. J’entendis Argento dire : « relève-moi ce gars là qu’on aille faire le ménage ». Les Damnés s’étaient débrouillés pour me rappeler-comme c’est bon d’être aimé- et ils avaient un plan qui incluait mon bras gauche et mon bouclier. Les Damnés ne s’impliquaient jamais dans la politique locale, ne menaient aucune quête ni croisade et ne s’alliaient avec personne. Pour qu’ils remuent ainsi, il était sans doute question de survie immédiate. Kazaba me dit : mets ton armure et amène-toi, nous t’attendrons à l’auberge.

À peine revenu de la mort, mes premiers mouvements furent saccadés et désarticulés : je marchais comme un pantin de bois. Le sortilège utilisé par Lao était puissant car à peine quelques minutes plus tard, le temps de me barder de fer et d’inspecter mon bouclier roué de coups, je me sentais mieux. Près de l’auberge, quelques aventuriers s’étaient rassemblés pour écouter les instructions d’un soldat arborant une cotte pourpre décorée des armoiries du duc. Le rituel de divination, mené précédemment par l’alchimiste et de nombreux prêtres, avait révélé que pour enrayer la menace des morts, nous devrions trouver six cristaux lumineux imprégnés d’énergie occulte. Pendant mon séjour dans les limbes, aux portes de l’enfer, deux de ces cristaux avaient été localisés et rapportés. Il fallait trouver les autres avant l’aube sous peine de voir se lever des légions de non-morts sous le commandement d’Émaüs lui-même. Quelle coïncidence, le cristal suivant se trouvait dans la crypte, le lieu même où je venais de perdre la vie. Nous n’étions plus qu’une poignée mais cela devrait suffire.

Sur le tertre, notre arrivée était attendue par plusieurs silhouettes familières sous la gouverne d’une créature éthérée presque aussi sinistre que celle qui avait dissipé ma force vitale. J’avançai d’un pas sûr, annonçant l’imminence de ma vengeance au spectre qui gardait la crypte. L’affrontement initial fut d’une violence rare et se passa en quelques secondes à peine. Cinq ou six squelettes décharnés m’encerclèrent et me forcèrent à reculer alors que le spectre lançait sortilèges après sortilèges sur les attaquants. Il fallait bien admettre que nous étions trop peu nombreux pour faire face à ces puissantes créatures d’outre-tombe et notre retraite fut sanglante. Les non-morts nous harcelèrent sur une grande distance alors qu’Élizia tentait désespérément de soigner les combattants en mouvement. Quand finalement, à la croisée des chemins, nos assaillants lâchèrent prise, Kazaba et Oémia me firent remarquer que Lao et Argento manquaient à l’appel. Ils avaient tenté de contourner la bataille et de s’infiltrer directement dans les catacombes, stratagème ingénieux mais qui avait mal tourné puisque je voyais au loin la toque rouge de Lao étendue au pied d’une pente sablonneuse. Le temps de soigner nos blessures, nous retournâmes à cet infâme tertre que je commençais à détester profondément. Les non-morts fondirent sur nous avec la même ardeur destructrice. Flanqué par Hitel et Kazaba, il nous fallut bloquer leur charge pour que les soigneuses remettent les blessés sur pieds. J’étais prêt à battre en retraite quand les guerriers de l’aube rouge chargèrent nos adversaires sur le flan, nous achetant encore quelques secondes qui permirent à nos prêtres de repousser les guerriers non-morts vers le sommet du tertre. Cet enchaînement d’événements rendait soudainement une victoire envisageable et il n’en fallut pas plus aux Damnés qui chargèrent à leur tour malgré leurs blessures sévères. Les forces fraîchement arrivées permirent de détruire rapidement les squelettes toujours actifs et la porte de la crypte fut enfin ouverte. À l’intérieur des souterrains, Argento s’affairai déjà à fouiller les tombeaux ouverts dans leurs moindres fissures. Lourdement armé comme j’étais, l’endroit exigu ne me permettait que des mouvements limités, je ressortit donc presque aussitôt.

Hitel trouva le cristal occulte dans la cage thoracique d’un des squelettes que nous venions de terrasser. Le cristal suivant se trouvait en possession d’un roi kobold, il fallait maintenant aller chasser ces rats parlants dans les sous bois.

Si l’Aube Rouge s’était montrée prompte à réagir lors de l’assaut du tertre, elle fut plus lente à comprendre que le temps pressait. Les Damnés s’en allèrent donc à la chasse aux kobolds sans attendre les renforts. L’Est était déjà hâlé de bleu et trois cristaux nous manquaient toujours.

La forêt grouillait de kobolds verdâtres et dégoûtants et mes frères d’armes en pourfendirent un grand nombre. Un court arrêt à l’auberge me permis de refaire le plein d’eau et d’engloutir une demi-bouteille de vin. Ironiquement, Argento trouva et tua le roi des kobolds quelques minutes plus tard à quelques pas de notre campement. Plus que deux à trouver et nous pourrions nous accorder un peu de repos.

Au croisement des chemins, toujours près de l’auberge, un soldat du duc arriva par le Nord, l’air affolé. Des ogres, disait-il.. non, des géants, ou plutôt… autant dire qu’il ne savait pas. Fermant la visière de mon casque et empoignant la hampe de ma fidèle lance, je campai solidement mes pieds dans le sol, me préparant au pire… Et avec raison : trois être immenses aux écailles rougeâtres surgirent de la nuit, envoyant valser dans les bois tout sur leur passage. Le premier rang d’aventurier me permis d’évaluer leur force de frappe : les corps projetés ça et là m’indiquèrent que cette force était non-négligeable. J’assistai Kratos qui fonçait sur un des démons pour le rouer de coups d’épée. Un coup de masse le fit reculer de plusieurs pas et je pris aussitôt la relève, lui perçant les flans et les cuisses à de nombreuses reprises avant qu’un coup ne me propulse directement dans la porte ouverte de l’auberge. Les gonds grincèrent sous le choc mais mon armure me protégea de l’impact. Je chargeai violemment mon adversaire qui cracha un jet de feu liquide. Sa grande taille en imposait mais ses gestes lents le rendaient prévisibles et jouant du bouclier, ses coups ne m’atteignirent pas. La persévérance porta fruit et le premier démon tomba, libérant une petite grappe de combattants qui se répartirent sur les deux autres. Encerclés et bloqués, ils furent à leur tour mis à mort. J’éteignis ma cape qui brûlait avant de fouiller les reste écœurants du démon à mes pieds. Dans une de ses mains griffues et crispées se trouvait le cristal que nous cherchions. Providence, destin ou plan méticuleusement orchestré? Cette question me tarauda l’esprit un moment, du moins, jusqu’à ce qu’on me présente le goulot d’une bouteille de vin. Il a beau incarner les idéaux pervers et brutaux du dieu du sang, un homme reste un homme, sensible à la soif.

Le soleil pointait ses rayons à l’Est et il nous manquait toujours le dernier cristal nécessaire à l’incantation qui nous protégerait de l’archiliche Émaüs. Peu de guerriers restaient encore éveillés aux petites heures du matin et cela m’inquiéta. Les créatures auxquelles nous avions fait face au courant de la nuit étaient exceptionnellement dangereuses et le nombre décroissant d’aventuriers volontaires me laissa perplexe. Pire encore, si le possesseur du dernier cristal ne se montrait pas, nous étions tous condamnés. Mieux valait mourir en essayant contre un adversaire invincible que de crever comme des chiens sous le feu de la liche sans moyen de défense. Le prochain indice se manifesta par le biais d’Élizia, assise près du feu, qui se prit soudainement la tête à deux mains. Elle parla haut et clair, nous décrivant une forme pâle hâlée de ténèbres qui s’élevait du sol à un endroit où de nombreux hommes avaient péris. Ce lieu ne pouvait être qu’à l’entrée du champ de bataille, là où un bataillon entier d’impériaux avaient été brutalement mis à mort une année auparavant, massacre auquel mon frère Kratos et moi avions largement contribué.


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MessageSujet: 4e partie   "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay) EmptyDim 29 Oct - 1:57

Nous n’étions plus que cinq aventuriers à prendre la route sur le sentier du champ de bataille : Argento, Élizia, Lao, Hitel et moi-même. La lumière de l’aube éclairait déjà la vaste plaine défrichée et notre adversaire ne se fit pas attendre. D’une tombe anonyme près d’un bosquet d’arbres jaillirent des ossements brunâtres hâlés de ténèbres et le squelette d’un combattant défunt s’assembla lentement. Le combat commença immédiatement et la célérité de notre adversaire me prit par surprise. Il se jeta sur moi avec une fureur destructrice et je dus mettre en œuvre toute ma maîtrise du bouclier pour rester en vie. Voyant que sa lame n’aurait pas raison de moi, il me foudroya d’un trait d’énergie noire et je m’effondrai alors que les autres membres des Damnés prenaient le relais. À peine au sol, Élizia me ramenait à la conscience à l’aide d’un sortilège de guérison. Étourdi mais capable de combattre, il me fallut un fragment de seconde pour retourner dans la mêlée. Même à quatre guerriers compétents, nous ne parvîmes pas à encercler ce squelette démoniaque qui dansait littéralement entre nos lames. Après quelques minutes d’une intensité peu commune, l’ennemi fut vaincu et s’effondra en une pile d’os inoffensifs. Autour de moi, je vis les visages blêmes de mes frères d’armes et leur souffle haletant témoignait de la fatigue engendrée par cette dure nuit. « Par le rectum puant de Shimric, celui-là était rapide », m’exclamais-je alors que ses restes étaient méticuleusement inspectés. Le dernier élément requis pour le rituel s’y trouvait, un cristal blanc-bleu lumineux. Sous le ciel déjà bleu, lui aussi, nous, aventuriers fatigués, retournâmes au campement pour y prendre quelques heures de repos méritées avant l’ultime affrontement.

Événement rare, le camp des Damnés était silencieux malgré la présence de tous ses membres, endormis ça et là sous les tentes ou sur le sol près du feu. Ce répit me permit de redresser quelques pièces de métal tordues de mon armure et d’ajuster quelques sangles cassées ou relâchées qui m’agaçaient. Kazaba dormait près du feu et semblait mort. Seule Élizia et moi étions encore éveillés quand quatre Morlocs entrèrent à toute vitesse avec la ferme intention de nous massacrer. Malgré la fatigue et la lourdeur de mes bras et mes jambes, cette intrusion me mit dans un état de rage qui me donna instantanément la force de riposter. Sautant de mon siège, j’eus à peine le temps de prendre mes armes avant de sentir les premiers coups de massue heurter mon bouclier. Seul dans un coin avec deux adversaires, je n’eus pas le temps de voir comment Élizia se débrouillait de son côté avec les deux autres, je pris donc la décision judicieuse de sauver ma propre peau avant d’aider les autres. Les Morlocs qui pensaient m’avoir coincé déchantèrent quand mon fer de lance leur perça le foie et les poumons. Ils moururent sans même m’égratigner et j’enjambai leur dépouilles afin de finir le travail mais à ma surprise, Kazaba et Argento étaient debout, armés et se battaient comme des lions, tuant en quelques coups de lame les deux autres assaillants. En essuyant mon arme sur la cape grouillante de vermine d’une de mes victimes, je félicitai mes alliés pour leur vigilance et leur célérité, souriant de toutes mes dents. J’étais décidément bien entouré.

Après cette escarmouche, il s’avéra impossible pour moi de trouver le sommeil et je décidai de monter la garde en dévorant les provisions de mes frères endormis. De toute façon, nous allions probablement mourir au cours du prochain jour, alors à quoi bon se rationner?

Une cohorte de zombies décharnés passa à deux reprises dans le sentier près du campement mais n’attaquèrent pas. Le fracas des armes et les échos m’indiquèrent qu’ils s’en étaient pris à d’autres groupes d’aventuriers, affrontements dont l’issue me laissait totalement indifférent.

Le soleil était haut et la chaleur du jour déjà bien présente quand les Damnés s’éveillèrent. Ils semblaient relativement en forme, ce qui était un bon signe.

L’arrivée du kender et de la prêtresse Rianna me tira de mon engourdissement. Le kender nous ordonna de nous rendre au champ de bataille pour le rituel et son ton autoritaire me donna envie de lui faire très mal. Hitel lui répondit brutalement que nous n’étions pas ses laquais et notre visiteur reformula donc sa demande. Bien sûr que nous irions tous au rituel et pour rien au monde je manquerais la chance de me mesurer à Émaüs et à ses lieutenants, même si mes prouesses martiales n’étaient qu’une farce en comparaison des forces élémentaires qu’ils maîtrisait. Bardé de fer de la tête aux orteils, je me dirigeai vers le site du rituel pour faire face à mon destin.

Le soleil tapait fort au champ de bataille alors que Rianna expliquait en long et en large la procédure du bannissement d’Émaüs. Oui, il s’agissait bel et bien de purger le Muranor de la présence de la liche une bonne fois pour toute mais mon enthousiasme était mitigé de scepticisme. Se débarrasser d’une créature aussi ancienne et tenace n’était pas une mince affaire et je doutais de la volonté et de la force des prêtres qui accompliraient ce fameux rituel. Lasser par les détails techniques de la cérémonie, je trouvai un coin d’ombre pour m’allonger, indifférent à l’inconfort de mon armure. Kratos me tira de ma rêverie pour me dire qu’il était temps d’accomplir un rituel bien à nous, un hommage au dieu du sang qui nous galvaniserait pour le combat à venir. Dans une coupe de cristal et d’or, il versa un peu du sang démoniaque qu’il avait recueilli secrètement quelques heures plus tôt et le brûla. Debout devant cette coupe, je me recueillis afin d’adresser quelques prièrent à mon seul et unique maître, Bélos. Rianna, l’air nerveux, troubla mes prières en nous demandant ce que nous faisions. Je répondit avec calme que nous étions en train d’effectuer un rituel de désacralisation, ce qui l’énerva davantage. Et si je bottais votre coupe du pied, nous demanda t’elle? Tu recevrais la raclée de ta vie, dis-je. Kratos et moi nous esclaffâmes quand la jeune prêtresse s’en alla…

À quelques mètres derrière nous, les groupes d’aventuriers présents s’agitaient, rendu eux aussi nerveux par notre hommage au Prince du Sang. Ils nous fixaient, arme en main mais incapables de prendre une décision. Même le dos tourné, j’étais conscient de ce fait et je restais près à un éventuel affrontement, même si je ne les croyais pas assez braves et volontaires pour s’en prendre à nous. Les agneaux n’attaquent pas les lions, même en troupeau.

Une discussion philosophique sur la différence ente le bien et le mal fut la seule conséquence de notre blasphème et sur ce terrain, j’étais à l’aise. Vous, les paladins, les héros et les prêtres de la guerre, dites-moi qui a pourfendu le culte de la mort l’automne dernier? C’était nous, les Damnés. Qui, initialement, a donné l’ordre aux assassins orcs de tuer leurs guerriers corrompus? C’était moi, Biathar, l’anti-héros, de qui on dit qu’il est complètement fou et incontrôlable. Depuis mon arrivée au Muranor, j’ai été présent sur tous les fronts, assisté à tous les combats, été de toutes les missions suicidaires imaginables. Si je n’ai pas mérité le droit de prier qui je veux, là où je le veux, alors personne ici ne mérite ce droit. Ces arguments mirent fin à la discussion, il n’y aurait pas d’affrontement entre nous aujourd’hui, bien que j’aurais prit grand plaisir à tuer la plupart des aventuriers présents à ce moment.

Enfin les prêtres se rassemblèrent pour commencer la cérémonie. Il manquait plusieurs guerriers à l’appel, nous serions peu nombreux à nous battre quand viendrait l’affrontement. Initialement, trois rangs d’homme devaient former des cercles concentriques autour d’une étoile à six branches faite de bois mais nous n’avions d’hommes que pour un seul. Les effets de cette modification in extremis étaient donc inconnus… cela pouvait ruiner notre tentative mais avions-nous d’autre choix que de tenter de l’accomplir malgré tout?

Il faudrait donc conjurer notre ennemi par un premier rituel et le vaincre une fois matérialisé. Rien de complexe jusque-là mais une fois terrassé, admettant que cela était possible, un second rituel devrait être accompli pour enfermer l’esprit d’Émaüs ainsi que celui d’un volontaire au cœur pur. Les deux esprits seraient ainsi à jamais abjurés dans un enfer personnel dans lequel ils s’affronteraient sans cesse, pour toujours. Quelle fin peu enviable, heureusement, la définition de cœur pur ne collait pas à mon mode de vie. À mon grand étonnement, ils furent nombreux à se proposer pour cette tâche mais mes sourcils froncèrent quand j’entendis la voix de Lao s’élever. Je m’opposai sur-le-champ à sa candidature, comme le firent d’ailleurs le reste des Damnés, prétextant que Lao était maudit et corrompu par la malédiction. Cela sembla mettre fin à la discussion et j’en fus content. Ce prêtre me cassait les pieds plus souvent qu’à son tour avec ses idéaux démodés mais j’avais besoin de lui –nous avions besoin de lui- vivant et en état de râler. Nos remarques sur sa corruption l’avaient insulté et il vint me parler avec son sérieux habituel. J’en ai assez de cette vie, me dit-il. C’est la fin du chemin pour moi, Biathar, je suis fatigué. Ses mots touchèrent une corde sensible et me firent sourire. Comme je l’enviais, il avait trouvé une mort glorieuse sur mesure pour lui et nous, enfants ingrats, voulions lui dérober. D’accord, tu peux mourir si tu le souhaites dis-je, et je lui serrai la main en signe d’adieu. Ce fût un plaisir de me battre à tes côtés. Pour ceux qui étaient présents et qui nous observaient, cette poignée de main dû sembler bien étrange, moi, brutal et fourbe, fraternisant avec le juste et le sensé.

Un autre détail fut réglé, à savoir quel guerrier manierait la lame brisée sensée soumettre la liche avant son bannissement. Plusieurs yeux se tournèrent vers moi : quelle touchante marque de respect cela était mais lorsque je vis de mes yeux l’épée en question, j’éclatai de rire. Une large lame brisée longue d’environ une coudée du pommeau à la pointe émoussée. Vous voudriez que j’affronte un sorcier de plusieurs siècles armé d’une pelle à tarte, dis-je? C’était trop d’honneur pour moi, je laissai donc cette lame ridicule dans la main de quelqu’un qui souhaitait mourir avec plus de conviction que moi. Ce privilège alla donc à Svalbar, chef de l’Aube Rouge, un autre soi-disant seigneur de ces terres. Mais combien y’en avait-il en fin de comte de ses seigneurs? Que celui la meure en défendant son territoire n’était que justice. Enfin, le premier rituel pouvait commencer!

Des prières à différents dieux tous plus pathétiques les uns que les autres furent adressées à haute voix par les prêtres au centre de l’étoile. Déesse de la nature, du soleil, dieu des chansons et je ne sais encore quel port-folio absurde, aucune manifestation visible ou audible ne témoigna d’une quelconque intervention divine, mieux encore, le serviteur du mal que je suis ne se senti pas même incommodé.

Lors de tous les rituels auxquels j’avais participé précédemment, l’effet de l’incantation se faisait immédiatement sentir et le rôle des guerriers présents était de protéger les prêtres et d’assurer qu’aucun ne serait blessé ou tué mais dans le cas présent, aucun résultat ne se manifesta. Soyez patient, me dit l’un d’eux, et je me retins de le gifler du revers de mon gant de fer noir. Croyant faire pour le mieux, je changeai de position pour m’abriter près de la muraille du fortin des Flibustiers. Au moins, personne ne me frapperait dans le dos, pensais-je, mais je venais de faire une erreur stupide.

Près du tertre qui surplombait la crypte, nos adversaires se manifestèrent, menés par un squelette de petite taille portant une toge décrépite survêtue de fourrure grisâtre. Un diadème de fer ornementait son crâne et des ossements divers pendaient sur ses épaules. Il marchait devant ses lieutenants et à une distance plus que respectable, il grilla d’un seul coup les plus solides guerriers alliés à notre cause. Le feu me brûla comme rien ne l’avait jamais fait mais je tins bon. Je fus le seul à supporter la déflagration, et entouré de corps et d’armures fumantes, je hurlai à un guérisseur de me soigner. Oémia apaisa partiellement les brûlures horribles infligées par la liche Émaüs et à peine remis, un de ses lieutenants squelettiques arriva à grands pas vers moi et d’un simple geste de la main, me foudroya. La décharge me plaqua solidement contre le mur de bois derrière moi et mon adversaire écarta mon bouclier avant de me débiter sur place. Coincé entre une épée, une palissade et un lieutenant d’Émaüs, les os de mes jambes furent brisés et les ténèbres m’enveloppèrent. Enfin, pensais-je, je vais mourir. Mon soulagement fut de courte durée ; une guérisseuse répara mes jambes et m’aida à me relever. Pas moyen de crever en paix, sinon en héros, je devrais me battre jusqu’à la damnation ou jusqu’à l’improbable expiation de mes péchés.


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MessageSujet: 5e partie   "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay) EmptyDim 29 Oct - 1:57

Sur mes pieds, je cherchai dans la cohue le lieutenant qui venait de me terrasser. Il fallait absolument que je le détruise avant de concentrer mes efforts sur Émaüs lui-même, par nécessité et aussi par désir de vengeance. À l’autre bout du champ de bataille, Kratos se tirait d’affaire mais saignait comme un porc par les interstices de son armure argentée. Je chargeai jusqu’à lui sans subir de dommage sévère mais j’arrivai trop tard. Mon Némésis venait de le mettre à mal lui-aussi. J’engageai le combat contre lui mais d’autres non-morts se joignirent à la mêlée, me forçant à reculer dans un secteur moins chaud du champ de bataille. Entre deux alliés que je ne connaissais que de vue, je trouvai le temps de boire une potion avant de charger à nouveau. Crachant la bouteille par la visière de mon casque, je continuai de ferrailler à gauche et à droite pour finir ce que j’avais commencé mais d’autres soldats non-morts entravèrent mon plan.

Les guérisseurs alliés couraient comme des fous pour garder vivants la poignée de guerriers présents et il faut l’admettre, cette bataille fut la leur. Rianna, Kender et Oémia firent un travail admirable et car sans un apport constant en sortilège de guérison, aucun de nous n’aurait survécu.

Du coin de l’œil, je constatai que plusieurs guerriers affrontaient déjà la liche et je me retrouvai enfin devant son lieutenant. À trois contre un, il tomba enfin et je me précipitai aussitôt sur Émaüs. Le temps d’un battement de cils, avant même que je n’arrive à lui, Émaüs succombait à ses blessures. Un souffle mortel s’échappa de ses mâchoires désarticulées et enveloppa ceux qui le combattaient intimement, les tuant sur le coup. Le souffle de la mort se dissipa à un pas devant moi et stoppa nette ma charge devenue inutile. Plusieurs combattants gisaient sans vie autour de la liche, dont Kratos, mon frère, qui m’avait devancé de quelques instants dans la bataille. Il fallait maintenant bannir Émaüs par un second rituel et le temps pressait!

Les guerriers formèrent un cercle autour des prêtres et Lao dû renoncer à son sacrifice, faute de prêtre pour accomplir le rituel même. Quelle ironie, pensais-je, lui adressant un sourire carnassier, alors qu’un membre des flibustiers –à la surprise de tous- se proposa à sa place. Ce petit détail réglé, la longue incantation commença : à voix basse d’abord mais devenant de plus en plus forte. Les guerriers unirent leurs voix, prononçant sans relâche un nom –ou un mot?- encore et encore, jusqu’à ce qu’il perde son sens même.

Le cœur pur étendu aux côtés de la liche fut secoué d’un soubresaut et rendit l’âme. Simultanément, l’esprit maléfique d’Émaüs était absorbé dans un réceptacle afin d’y passer un séjour long, très long. Le corps de l’archi-sorcier explosa alors, créant une onde de choc qui brisa le cercle de guerrier, me projetant à plus de vingt pas.

Ah! Quelle douce inconscience, comme un lit de plumes frais et moelleux! Hélas, cela ne dura pas longtemps.

Le soleil dans les yeux, la bouche pleine de poussière, je me relevai debout. Mon casque avait roulé dans la poussière et je l’aurais volontiers abandonné, n’étais-ce d’une pulsion incontrôlable qui me commanda de le ramasser. Le vieil artéfact avait toujours le dernier mot, après tout. Autour de moi, la poignée d’aventuriers survivants se relevèrent eux aussi. Le rituel accompli, la présence oppressante d’Émaüs ne se faisait plus sentir et les braves levèrent leurs armes vers le ciel, s’unissant dans un crie victorieux. Des cinquante aventuriers et mercenaires campés dans la région depuis quelques jours, un peu plus d’une douzaine vivaient pour voir ce jour.

Ce triomphe avait un prix : le sang, la sueur et la souffrance, trois dotes auxquelles j’avais largement contribué et ma générosité dans ce domaine se faisait maintenant sentir. Avançant lourdement jusqu’aux camps des Damnés, il ne me fallut pas longtemps pour réaliser que notre groupe était amputé de plusieurs membres. Kratos était sans vie, Lao avait déserté; Argento et Élizia, introuvables… nous n’étions plus que quatre à occuper les lieux.

La région était libérée de sa malédiction mais celle qui pesait sur moi tenait bon. Une paix relative s’installerait ici et durerait probablement un moment, du moins jusqu’à ce qu’une autre plaie s’abatte sur la tête de ses habitants. Mon séjour au Muranor avait assez duré et même si le Dieu du Sang avait reçu sa dote, son appel ne saurait tarder à se faire entendre. Les Damnés plièrent bagages et reprirent la route vers l’ouest, en quête d’une autre contrée où la guerre saurait nous garder occupée et où la soif des dieux saurait mieux être rassasiée.
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MessageSujet: Re: "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay)   "Un anti-paladin au Muranor" (Récit Roleplay) EmptyMer 20 Aoû - 19:49

WOW, super récit, les évènements sont vraiment bien racontées.
J'ai particulièrement aimé la description du combat avec l'empire à la forteresse
des flibustiers. Un de mes meilleurs combats à vie Exclamation
Félicitations. C'est une des qualités de nos GN, des joueurs CRINQUÉS Exclamation Exclamation
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